🧠 Investir seule ou accompagnée ?

Êtes-vous sur la bonne voie ? đŸ€”

Il y a encore 15 ans, investir Ă©tait une course d’obstacles : prendre rendez-vous, attendre, se dĂ©placer, expliquer sa situation, puis repartir les mains vides en attendant un second rendez-vous pour enfin obtenir des recommandations concrĂštes.

Ces derniÚres années, la donne a radicalement changé.

La "FinTech", permet à tout le monde d'accéder facilement aux services financiers depuis n'importe quel téléphone ou tablette.

Des millions de personnes ont alors franchi le pas depuis leur canapé, et ont ouvert des comptes d'investissement et réalisé leurs premiers placements en quelques clics.

Pourtant, malgré cette facilité, beaucoup hésitent encore : peur de se lancer, peur de faire des erreurs, de perdre son argent ou manque de temps et de connaissances sont les raisons qui poussent beaucoup de personnes à procrastiner.

Mais alors est-ce que se lancer seul(e) est la solution quand on a autant de doutes ? Ou vaut-il mieux se faire accompagner ?

On fait le tour de la question ce mois-ci : avantages et inconvĂ©nients de chaque approche afin de vous aider Ă  y voir plus clair 🙂 

Pourquoi investir en solo ?

L'investissement traĂźne encore cette rĂ©putation de discipline rĂ©servĂ©e aux experts. Beaucoup surestiment largement les efforts et connaissances nĂ©cessaires pour dĂ©marrer. On pense qu'il faut savoir faire des calculs complexes de tĂȘte, analyser des tonnes de donnĂ©es... alors que cette image correspond surtout aux traders professionnels.

En rĂ©alitĂ©, comme pour toute nouvelle compĂ©tence, il y a un effort initial Ă  faire pour apprendre les bases et faire ses premiĂšres expĂ©rimentations. Mais une fois lancĂ©, c'est principalement de la maintenance : quelques ajustements de temps en temps, un suivi occasionnel. Rien de trĂšs sorcier 🙂 

Les vrais fondamentaux tiennent en quelques principes simples : diversifier, investir réguliÚrement, garder ses placements longtemps et ne pas paniquer lors des baisses.

Alors concrùtement, ça apporte quoi comme avantages d’investir seul(e) ?

  1. On gagne en compétences

    Au fil du temps, on comprend de plus en plus naturellement les mécanismes. On gagne en discernement car on apprend à séparer les informations qui méritent notre attention de celles qui nous font douter inutilement. Et cette clarté nous rend plus confiant et serein quand il s'agit de prendre une décision. Par exemple :


    - Si un conseiller bancaire nous propose un placement qui ne nous convient pas, on sait expliquer pourquoi. 

    - Si on voit passer une offre qui a l'air trop belle pour ĂȘtre vraie, on arrive Ă  identifier ce qui cloche rapidement.

    - Si les mĂ©dias annoncent la fin des marchĂ©s, on sait qu’on se situe probablement en bas du cycle.

    Au fur et Ă  mesure, on gagne en confiance grĂące Ă  tout ce qu'on a appris sur le terrain 🙂 

  2. Les coĂ»ts sont plus faibles 

    DĂ©lĂ©guer ses investissements, c'est payer pour un service : quelqu'un analyse notre situation financiĂšre, comprend nos projets, et met son expertise Ă  notre disposition pour nous faire des recommandations personnalisĂ©es.

    Mais combien ça coûte ?

    Les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) ou conseillers en investissements financiers (CIF) ont deux modes de rémunération.

    - Soit ils prennent une commission sur les sommes investies de l’ordre de 2% Ă   5% par an selon les placements. (Je vous laisse estimer Ă  combien cela vous reviendrait ici)

    - Soit ils facturent leur temps de conseil, pouvant aller de 150€ Ă  500€ de l'heure.(Sachant que plus une situation est complexe, plus elle nĂ©cessite d’heures de travail)

    Parfois un mĂȘme CGP peut proposer ces deux types de rĂ©munĂ©ration.

    En comparaison, quand on gĂšre soi-mĂȘme ses investissement, on paie principalement les frais du courtier ou de la banque en ligne (souvent gratuits ou quelques euros par mois) et les frais des placements qu'on choisit.

    Si on choisit un placement diversifié et peu coûteux comme un ETF indiciel, ces frais tournent autour de 0,2% à 0,5% par an. Dans cet exemple, les coût total serait inférieur à 1% de frais annuels toutes charges comprises.

  3. On gagne en flexibilité

    L'un des grands avantages, c'est cette liberté totale de décision.
    Envie d'augmenter ou réduire ses versements mensuels ?
    Besoin de faire une pause temporaire ?
    Pas de problĂšme.

    Quand on gĂšre soi-mĂȘme, on ajuste selon nos besoins du moment, sans avoir Ă  justifier ou attendre un rendez-vous.

    Mais cette libertĂ© totale s’accompagne aussi du revers de la mĂ©daille 🙃 

Les défis de l'investissement en solo

1. Nos Ă©motions 

C'est probablement le plus gros piĂšge qui nous guette. 

En tout cas, c’est le problĂšme qu'ont identifiĂ© le prix Nobel d'Ă©conomie Daniel Kahneman et les chercheurs de Morningstar : nos Ă©motions nous poussent Ă  de trĂšs mauvais timing.

On achÚte quand les marchés sont euphoriques et optimistes (et que les prix sont chers), et on vend quand la peur est palpable (et que les prix sont bas).

Morningstar appelle ça le l'Ă©cart comportemental ou “behaviour gap” et dĂ©montre que ce mauvais timing nous coĂ»te en moyenne 1,7% de rendement par an. 

Le fait de le savoir nous permet de mettre en place des tactiques pour ne pas tomber dans le piÚge, comme par exemple investir un montant réguliÚrement peu importe si les cours sont hauts ou bas (aussi connu sous le nom de Dollar Cost Averaging ou DCA).

Mais mĂȘme avec ces tactiques en place, il y a quand mĂȘme un risque qu'on se sabote soi-mĂȘme. Et c'est lĂ  qu'un conseiller peut servir de garde-fou et nous empĂȘcher de faire n’importe quoi sous le coup de l’émotion 🙂 

2. Le biais domestique et le biais de familiarité

Investir dans ce qu'on connaßt, ça semble logique au premier regard.
SpontanĂ©ment, on se sent plus Ă  l'aise d'investir sur des entreprises françaises qui marquent notre quotidien, que sur une entreprise brĂ©silienne dont on n'a jamais entendu parler. Pareil quand il s’agit du secteur : un dĂ©veloppeur informatique sera naturellement attirĂ© par les valeurs tech, un professionnel de santĂ© par les laboratoires pharmaceutiques.

Seulement voilĂ , cette logique nous expose Ă  deux problĂšmes :

  1. D'abord, on se limite et on passe Ă  cĂŽtĂ© d'opportunitĂ©s dans d'autres rĂ©gions ou secteurs qui pourraient ĂȘtre plus performants. 

  2. Ensuite, on se surexpose Ă  un seul secteur ou une seule zone gĂ©ographique. Dans le cas oĂč l'Ă©conomie française traverserait une crise, notre portefeuille trĂšs concentrĂ© sur des entreprises françaises ou pharmaceutiques en subira directement les consĂ©quences.

Là encore, on peut construire son portefeuille en prenant en compte ces biais ou alors faire appel à un conseiller qui proposera un portefeuille diversifié selon son profil et ses projets.

3. Le temps et l'énergie nécessaires

S'informer, analyser, suivre ses investissements, rééquilibrer son portefeuille quand c'est nĂ©cessaire... Cela demande du temps, mais aussi l’envie de vouloir le faire.

Temps que l’on n'a pas forcĂ©ment ou que l'on prĂ©fĂšrerait consacrer Ă  autre chose.

Moi, j'avoue que ça me plaĂźt de creuser ces sujets, donc je ne vois pas le temps passer. Mais c'est loin d'ĂȘtre le cas pour tout le monde, et je le comprends parfaitement 🙂 

L'accompagnement professionnel : les bénéfices

1. Quelqu’un sur qui compter en cas de doute

ÉnormĂ©ment d'investisseurs solo sont submergĂ©s de doutes

  • Est-ce que cette stratĂ©gie a vraiment du sens? 

  • Est-ce que je passe Ă  cĂŽtĂ© d’un risque? 

  • Est-ce que je suis assez diversifiĂ©? 

  • Est-ce que je n’ai pas des placements un peu redondants?

Ou alors quand les marchĂ©s baissent : 

  • Est-ce que c'est temporaire ? 

  • Est-ce que je dois acheter ? 

  • Est-ce que je dois vendre ? 

  • Est-ce que je dois rééquilibrer mon portefeuille ?

Cet accompagnement Ă©motionnel est souvent sous-Ă©valuĂ©, mais c'est l'un des apports les plus prĂ©cieux qu’un bon CGP ou CIF peut amener, afin de se dĂ©barrasser de ses doutes et de retrouver le calme. 

2. Une expertise sur des sujets pointus

Un conseiller maĂźtrise des domaines qu'on ne connaĂźt pas nĂ©cessairement : optimisation fiscale, rĂ©partition d'actifs, dĂ©clarations d’impĂŽts...

Il a aussi cette expérience des cycles de marché qu'on n'a pas quand on débute.
Il ou elle peut nous expliquer pourquoi telle approche qui semble géniale aujourd'hui s'est mal terminée par le passé.

Les inconvénients de l'accompagnement

  1. Des coûts plus élevés

On en a déjà parlé plus haut mais 'accompagnement peut coûter entre 2% et 5% par an selon le mode de rémunération du conseiller. Sur des sommes importantes cela représente rapidement des sommes trÚs significatives.

Il faut donc vraiment s'assurer que la valeur apportĂ©e justifie le coĂ»t par rapport Ă  la gestion autonome. Une personne qui dĂ©bute et veut juste tester n’a peut-ĂȘtre pas besoin d’un tel accompagnement contrairement Ă  une personne qui a hĂ©ritĂ© d’une somme importante et souhaite dĂ©lĂ©guer ses investissements.

  1. Le risque de conflits d'intĂ©rĂȘts

La majorité des CGP ou CIF touchent des commissions sur les produits qu'ils recommandent, ce qui peut influencer leurs suggestions consciemment ou inconsciemment.

Par exemple, sur une assurance vie oĂč vous versez 5 000€, le conseiller peut toucher entre 3% et 5% de commission, soit 150€ Ă  250€. Ces frais sont prĂ©levĂ©s directement sur votre investissement.

Si vous optez pour ce type de service "gratuit", posez-vous les bonnes questions : 

  • Le produit recommandĂ© correspond-il vraiment Ă  votre situation et vos projets ? 

  • Les frais sont-ils compĂ©titifs ? 

  • Vous paraĂźt-il vraiment adaptĂ© ?

Pour Ă©viter ce biais, vous pouvez faire appel Ă  des CGP indĂ©pendants qui facturent uniquement des honoraires Ă  l'heure. Comme ils ne touchent pas de commissions sur les produits, leurs conseils sont plus objectifs Ă©tant donnĂ© qu’ils n'ont aucun intĂ©rĂȘt financier Ă  vous orienter vers tel ou tel placement.

Dans tous les cas, il est important de comprendre comment votre interlocuteur est rĂ©munĂ©rĂ© dĂšs le dĂ©part, n’hĂ©sitez pas Ă  clarifier ce point plusieurs fois si nĂ©cessaire.

  1. Le risque de dĂ©pendance 

À force de tout dĂ©lĂ©guer, on peut progressivement perdre le contrĂŽle de ses investissements. On ne sait plus pourquoi on a tel ou tel fonds, ou pourquoi avoir Ă©cartĂ© certains secteurs de son portfolio.

Et le problÚme est que cela développe une certaine vulnérabilité.

C'est pourquoi, mĂȘme accompagnĂ©, il est important de rester impliquĂ© dans ses investissements. Demander des explications, comprendre la logique derriĂšre chaque recommandation, challenger les recommandations faites, garder une vision d'ensemble de sa stratĂ©gie.

Il faut rester acteur de ses dĂ©cisions financiĂšres 🙂 

Alors comment choisir selon sa situation ?

Pour vous aiguiller dans votre réflexion, voici quelques indicateurs non exhaustifs. Si plusieurs de ces points vous parlent, un accompagnement est à considérer :

  • Vous avez des montants importants Ă  investir

  • Vous n'avez pas envie de passer du temps et de l'Ă©nergie sur ces sujets

  • Les frais d'accompagnement ne vous dĂ©rangent pas

  • Votre situation fiscale est complexe

  • Vous souhaitez avoir un interlocuteur avec qui Ă©changer en cas de doutes ou de question

Si vous souhaitez un accompagnement

Vérifiez que votre conseiller est bien inscrit aux registres ORIAS et agréé par l'AMF. Clarifiez sa rémunération dÚs le départ.

Posez toutes vos questions, car il n'y a vraiment pas de question bĂȘte : un bon conseiller prendra le temps d'expliquer et s'adaptera Ă  votre niveau de connaissance.

Si vous voulez juste qu'on vous dise dans quoi investir, et automatiser un virement

Alors les robo-advisors peuvent ĂȘtre une option intĂ©ressante, car une Ă©quipe a spĂ©cialement conçu diffĂ©rents portefeuilles types.

Il faut alors répondre à un questionnaire afin de mieux cerner votre profil et vos attentes. Ensuite, le modÚle le plus adéquat vous est automatiquement recommandé parmi les portefeuilles existants.

C'est un entre-deux : moins cher qu'un accompagnement classique mais légÚrement plus coûteux qu'investir complÚtement en solo.

Et si l’on souhaite investir seul(e) ?

Commencez avec de petits montants, dans le but de tester et d'apprendre.
Faites vos recherches : lisez des livres* sur l'investissement, regardez des vidĂ©os YouTube comme Zone Bourse, Ă©coutez des podcasts spĂ©cialisĂ©s comme la Martinguale, Ă©changez sur le sujet avec les personnes de votre entourage qui investissent aussi afin d’apprendre de leurs propres expĂ©riences aussi.

*P.S : Je travaille sur un livre qui sortira en 2026, n’hĂ©sitez pas Ă  me dire les sujets que vous aimeriez voir dedans que je les inclue ! 🙂 

Pour conclure

Vous pouvez trÚs bien commencer seul(e) puis vous faire accompagner quand votre situation le mérite : patrimoine qui s'étoffe, situation fiscale qui se complexifie, ou simplement envie de déléguer.

Ou l'inverse : commencer accompagné(e) pour apprendre les bases, puis continuer en solo si vous n'y trouvez plus de valeur ajoutée.

Rien n’est figĂ© dans le marbre 🙂 

Dans tous les cas, il reste important de s'y connaĂźtre un minimum. MĂȘme avec les meilleurs conseillers du monde, vous devez pouvoir comprendre leurs recommandations et Ă©valuer si elles vous correspondent vraiment.

C'est votre argent, vos projets : vous restez aux commandes 🙂 

Prenez soin de vous,
Nessrine

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Les investissements comportent des risques de perte en capital. Cette newsletter a une vocation éducative et ne constitue pas un conseil en investissement personnalisé.